Parmi les plus sociétés pétrolières les plus importantes, cinq ont d’ores et déjà publié leurs résultats 2020.

Les chiffres sont édifiants. Cumulées, leurs pertes atteignent plus de 77 milliards de dollars (contre un profit de 48 milliards en 2019), le chiffre d’affaires s’est effondré de 38% et la valeur boursière a perdu 32%.

Ces sociétés sont confrontées à une série de challenges, certains liés à une crise sanitaire inouïe, d’autres à une transition vers de nouvelles formes d’énergie.

Début mars 2020, un désaccord entre la Russie et l’Arabie Saoudite et l’Opec apparait, portant sur la réduction de la production de pétrole afin de faire face à une diminution de la demande. Il provoque un premier repli du prix du pétrole. La pandémie de Covid-19 et son impact sur les économies mondiales ont encore réduit la demande et les prix tout au long de l’année. Les industries ont réduit ou arrêté leur production, les gens ont arrêté d’utiliser voitures et avions.

Cela va prendre du temps pour que la situation revienne à la normale. Mais le peut-elle ?

Le secteur pétrolier doit faire face à une tendance de fond, la transition énergétique, qui a déjà commencé à perturber leur activité de base.

Les dépréciations massives, suppression d’emplois et réductions considérables des plans d’investissements de l’an dernier sont des illustrations des défis qu’il rencontre.

La demande de pétrole peut revenir aux niveaux passés. Mais pour combien de temps ?

Les voitures électriques, l’hydrogène, les biocarburants ou plastiques à base de végétaux même s’ils ne sont pas encore dominants, gagnent du terrain. Leur croissance va accélérer comme va augmenter la pression des investisseurs, des pays, villes et clients pour des énergies plus propres.

Les pétroliers doivent se préparer à ce futur en se réinventant. Ce qui est arrivé en 2020 représente une opportunité pour s’adapter et évoluer.

Alors qu’Exxon Mobil et Chevron n’ont pas encore fait d’avancée significative dans les nouvelles formes d’énergie, leurs équivalents européens sont déjà en plein transformation.

Shell, Total et BP se sont engagés à atteindre des objectifs ambitieux, promettant de radicalement réduire les émissions polluantes de leurs opérations et de l’utilisation des produits qu’ils vendent, afin d’atteindre la neutralité carbone en 2050 (avec des exceptions pour certains activités). Total a même annoncé changer de nom pour TotalEnergies afin de montrer la diminution de son centrage sur le pétrole.

Total, Shell et BP prévoient d’ici 2025 respectivement 35, 25 et 20 GW de capacité installée d’énergies renouvelables. C’est encore loin d’Enel ou Iberdrola mais ils les rattrapent rapidement.

Ces dernières années, ils ont investi dans des sociétés de recharge de voitures électriques et Shell et Total ont tous les deux investi dans des fournisseurs d’électricité. Projets pilote et partenariats pour la production d’hydrogène vert ont été  annoncés.

Néanmoins, s’éloigner les produits pétroliers et gaziers va prendre du temps et beaucoup d’argent. Ils ont besoin des ventes et profits qu’ils génèrent pour financer l’évolution vers les énergies renouvelables, l’électrification et la mobilité électrique.

Même si le montant des investissements dans l’éolien offshore ou le solaire atteignent des milliards de dollars (ou d’euros), ce n’est aujourd’hui qu’une petite partie de ce qui consacré à leurs activités traditionnelles.

Les pétroliers doivent accélérer le déploiement de leurs stratégies de transition énergétique.

C’est loin d’être simple dans un contexte d’incertitude de la demande, de pertes financières, d’actifs obsolètes, d’une réduction des investissements et de réductions d’effectifs.

Mais la pression de la société et des marchés va s’accroitre de plus en plus et avec elle le besoin d’un changement radical d’un système qui les a placées parmi les sociétés les plus puissantes et les plus riches.

Sources: Companies websites, Financial Times, BBC, Les Echos, Marketscreeners.com, L’Express. Photo: Shell International ltd